Bonjour Guillaume, pourriez-vous nous parler de vous et de votre parcours avant de co-fonder Done ?
Bonjour, je suis Guillaume Delory, co-fondateur de Done. Avant cette aventure entrepreneuriale, j’ai suivi un parcours assez atypique. J’ai commencé ma carrière dans le commerce, mais une forte envie de comprendre les rouages techniques m’a poussé à me reconvertir en développeur informatique. J’ai notamment travaillé chez Swiss Life France et Bonduelle. Cette double compétence, commerciale et technique, s’est révélée clé pour co-fonder Done en 2020 avec mon associé et ami d’enfance Thomas Moreau.
Qu'est-ce qui vous a inspiré à créer Done et comment avez-vous identifié le besoin d'une telle plateforme pour lutter contre le gaspillage non-alimentaire en France ?
L’idée est née d’un constat alarmant : en 2020, 4 milliards de produits non alimentaires dorment dans les entrepôts et 15% d’entre eux, parfaitement utilisables, sont jetés faute de solutions adaptées (selon l’ADEME). Thomas, qui travaillait chez Decathlon en 2018, a été frappé par le volume de retours clients et invendus détruits. Nous avons réalisé que le processus de don existant était lourd, peu connu, et décourageant pour les entreprises.
C’est d’ailleurs au sein de Decathlon que le projet a véritablement vu le jour. Thomas, qui avait sa propre association par le passé et savait que les associations ont besoin de don, a proposé cette solution dans le magasin et a développé une première version de la plateforme en interne, afin de simplifier le don des invendus et démontrer qu’une solution fluide et rentable pouvait exister. Le premier don a été fait en 2018 avec le magasin Decathlon Bailleul.
En parallèle, notre expérience personnelle et professionnelle nous a sensibilisés aux enjeux environnementaux et sociaux. Nous avons voulu créer une solution accessible et efficace pour simplifier le don, tout en valorisant les produits. Done est ainsi devenue l’intermédiaire entre les entreprises et les associations, répondant à un réel besoin sociétal tout en offrant un véritable impact.
Avec la vision ambitieuse de Done de donner 25 millions d’euros de produits en 2024, quels sont les principaux défis logistiques et administratifs que vous anticipez, et comment prévoyez-vous de les surmonter ?
Pour atteindre notre objectif de 25 millions d’euros de produits donnés en 2024, nous devons relever plusieurs défis importants.
Sur le plan logistique :
Acheminer les produits invendus des entreprises vers les associations partenaires peut être complexe. Nous privilégions les circuits courts pour limiter l’impact carbone, mais cela demande une coordination précise et des partenariats solides avec des prestataires de transport. L’un de nos principaux leviers pour surmonter ce défi est l’optimisation des trajets : nous cherchons constamment à mutualiser les expéditions et à minimiser les déplacements inutiles.
Nos dons parcourent en moyenne 52km, pas plus !
Sur le plan administratif :
La gestion des certificats fiscaux (CERFA) et le suivi des impacts pour nos partenaires nécessitent une grande rigueur. Les entreprises doivent pouvoir justifier leurs dons, tant sur le plan fiscal que sociétal. Pour cela, nous avons investi dans des outils qui automatisent ces processus : la génération des CERFA, le suivi des dons, et la communication des indicateurs d’impact.
Les solutions que nous déployons :
- Nous avons développé une plateforme technologique qui automatise un maximum de tâches, simplifie les démarches pour les entreprises, et améliore notre efficacité globale.
- Nous travaillons à étoffer notre réseau d’associations pour avoir des partenaires adaptés à toutes les typologies de produits, ce qui permet de réduire les délais et d’augmenter la pertinence des dons.
- Enfin, nous misons sur nos équipes expérimentées et engagées pour accompagner nos partenaires à chaque étape, en veillant à ce que le processus reste fluide et sans friction.
- En un mot, nous transformons ces défis en opportunités pour continuer à innover et maximiser l’impact de chaque don.
Pouvez-vous nous expliquer comment la plateforme Done a évolué depuis sa création en 2020 et quelles sont les innovations récentes qui ont été mises en place pour faciliter les dons non-alimentaires ?
Depuis 2020, la plateforme Done s’est transformée en un outil clé pour connecter les entreprises et les associations, tout en répondant aux attentes croissantes en matière de simplicité, d’efficacité, et d’impact.
Les étapes d’évolution :
À ses débuts : La plateforme servait principalement à connecter manuellement les entreprises et les associations pour organiser des dons. Elle répondait aux besoins essentiels, mais nécessitait encore une forte intervention humaine.
Aujourd’hui : Grâce aux retours d’expérience et aux investissements technologiques, nous avons automatisé une grande partie des tâches, ce qui nous permet de traiter un volume beaucoup plus important de dons tout en réduisant les délais.
Les innovations récentes :
1. Appariement intelligent : Nous avons intégré des algorithmes capables d’associer les produits à des associations spécifiques en fonction de leurs besoins et de leur proximité géographique, limitant ainsi l’impact environnemental du transport.
2. Suivi d’impact : Les entreprises disposent maintenant de tableaux de bord interactifs qui leur permettent de mesurer l’impact de leurs dons sur l’environnement (économies de CO₂), sur la société (associations soutenues), et sur leurs finances (réduction d’impôt).
3. Automatisation administrative : Nous avons simplifié des tâches complexes, comme la génération des certificats fiscaux (CERFA), pour simplifier toujours plus le processus de don.
Les priorités pour l’avenir :
Nous cherchons à rendre notre plateforme encore plus intuitive et performante pour nos utilisateurs. Notre objectif est de continuer à automatiser davantage, à identifier toujours plus d’associations partenaires à aider, et à accompagner un volume croissant de dons avec la même exigence de qualité et de pertinence.
En quelques années, Done est passée d’un outil fonctionnel à une véritable solution stratégique pour les entreprises et les associations, au service d’une économie circulaire plus impactante.
Comment sensibilisez-vous les entreprises aux avantages fiscaux et aux impacts sociétaux et environnementaux positifs de leurs dons à travers Done ? Avez-vous remarqué une évolution dans leur perception du gaspillage non-alimentaire ?
La sensibilisation passe avant tout par la communication. Beaucoup d’entreprises ignorent encore qu’en donnant leurs produits invendus, elles peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt équivalente à 60 % de la valeur des dons. Nous leur expliquons également les avantages logistiques et l’impact positif de leurs actions sur leur image de marque.
En parallèle, nous mettons en avant les impacts concrets des dons via nos "Done Stories", qui mettent en avant des belles histoires concrètes de dons entre entreprises et associations. Cela crée un effet boule de neige : les entreprises qui constatent les résultats tangibles sont plus enclines à intégrer le don dans leur stratégie.
Nous avons effectivement observé un changement. Aujourd’hui, les entreprises ne perçoivent plus le don comme une simple obligation légale ou une contrainte, mais comme une opportunité. Cela reflète une prise de conscience croissante face aux enjeux du gaspillage et à l’urgence climatique.
À votre avis, quel est l'avenir du don non-alimentaire en France et quelles initiatives supplémentaires pourraient contribuer à réduire encore plus le gaspillage tout en soutenant l'économie solidaire ?
L’avenir du don non-alimentaire est prometteur, surtout depuis l’entrée en vigueur de la loi AGEC, qui interdit la destruction des invendus non alimentaires. Cependant, pour accélérer cette transition, il est crucial de lever les freins restants, notamment le manque de connaissance sur les démarches à suivre.
À terme, nous imaginons une intégration complète du don, où chaque entreprise, quelle que soit sa taille, intègre cette pratique dans son fonctionnement. Pour y parvenir, il faudra :
- Renforcer l’éducation sur les bénéfices du don à tous les niveaux.
- Mettre en place des incitations fiscales encore plus simples à comprendre.
- Créer des partenariats public-privé pour élargir les capacités logistiques et administratives. Done continuera d’innover pour rendre ce processus encore plus intuitif et attractif.
Aujourd’hui, Done est le leader français sur le marché du don non-alimentaire, pourtant, le chemin est encore long pour arriver à donner ces 4 milliards d’euros de surstocks dont nous parlions plus haut !
Pour conclure, quel conseil donneriez-vous aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent créer des solutions innovantes et durables aux problèmes environnementaux et sociaux d'aujourd'hui ?
Lancez-vous !
Mon principal conseil serait de toujours commencer par comprendre profondément le problème que vous voulez résoudre. Prenez le temps de parler aux personnes directement concernées, testez vos idées, et n’ayez pas peur d’échouer. Chaque obstacle est une opportunité d’amélioration.
Ensuite, entourez-vous de personnes qui partagent vos valeurs et complètent vos compétences. C’est la clé pour surmonter les défis et garder une vision claire de l’impact que vous souhaitez avoir. Enfin, restez toujours ancrés dans votre mission. Dans un monde en quête de solutions durables, c’est l’authenticité et la sincérité de votre démarche qui feront la différence.